LES LUTTEURS

À chaque fois que je lutte
Y'a en pas ben qui me rebutte
Je connais toutes les prises
Même les plus grandes bêtises
Sur la savate, seulement d'une patte,
les écartellements, chaque fois j'en prend
des coups d'arpents, dans le bas des reins,
donne un coup de poing, même au besoin;
Il faut que dans la lutte
On en prenne des chutes.

Quand je monte dans l'arène
Je vous le dis que j'me démène
Pour me coller les épaules
Ce n'est pas toujours drôle.
Un saut d'travers, les pattes en l'air,
mon adversaire peut plus rien faire,
pour le poigner, je le couraille à l'essoufler
et là je peux le coller;
Il faut que dans l'arène
Avoir beaucoup d'haleine.

Pour battre mon adversaire
Moi j'en fait mon affaire
À chaque fois qu'on me manipule
Faut pas trop de scrupule
Doigt dans les yeux, tirer les cheveux
mordre les oreilles, tordre les orteilles,
sur le gorgoton un peu de pression,
pour la moustache puis on l'arrache.
Toutes les saintes bonnes prises
Pour moi elles sont permises.

Ça fait longtemps que ça m'tourmente
Il faut que je vous le présente
La mise c'est possible
La connaître c'est facile
Parce qu'un lutteur a des chou-fleurs
et non des flattes comme une tomate
Y'a la vue courte ou pas pantoute
les ongles rasés y peut pas s'gratter.
Pour gagner des sommes
Il faut qu'on les assomment.