LA VIE D'UN BÛCHERON

Derrière chez nous
Y'a un refrain qui a bûché
Tout le monde s'accorde sur la Chaudière
C'est en sacrant que les jobbers font coller les cordes
Philippe pis Tit-Douard qui sont en arrière
Qui nous rangent le bois, c'est pareil comme des vers

Donnez-moi en donc sept pieds pis un cordon
Donnez-moi en donc encore un berton

Il faut parler de nos jobbers
Qui sont parfois bien lamentables
Ils nous font lever presqu'à deux heures
Même avant de pouvoir mettre la table
Ils tournent, ils piâchent
C'est comme des dindons
Le gruau qui cuit tout par mottons et pis

Donnez-moi en donc du gruau par mottons
Une chaudronnée de bines, aussi des cretons
Et pis donnez-moi en donc du gruau par mottons
Le tépot sur le poêle est presque pris au fond

Il faut parler de notre situation
Je veux dire de notre compagne
Nous sommes couchés sous le plafond
À douze pouces et demi du pavage
Quand le vent nord rentre par la fenêtre
La boucane sort toute par la porte du poêle et pis

J'ai pourtant vu bien du tapage depuis
Le commencement de ma jeunesse
Je ne peux plus en voir d'avantage
On dirait que la misère progresse
Les bûcherons se courent les uns, les autres
Et avez-vous trouvé du bois vous autres

Après la chose bien calculée
Je crois qu'on pourrait tous s'en aller
Bidou, sa femme, pis Majorique,
Tit-Thur de ciboise avec tout sa clique

Donnez-moi en donc sept pieds pis un cordon
Plus que la mesure mon doux que c'est donc long
Et pis donnez-moi en donc à la fin de la saison
Cinq douzaines de bière pour se laver le gorgoton